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COMMUNIQUE
Des
étrangers entassés dans la zone d'attente de Roissy
Communiqué
ANAFE - AISF - CIMADE
Paris, le 27 Juillet 1999
L'ANAFE a demandé au gouvernement, au Directeur d'Aéroports
de Paris, au Président du Tribunal de Grande instance et au
procureur de Bobigny de constater la dégradation des conditions
de maintien des étrangers dans la zone d'attente de l'aéroport
Charles de Gaulle de Roissy et de faire en sorte de trouver rapidement
une solution satisfaisante. Il y va tant du respect de la dignité
des personnes maintenues que de celui des dispositions de la loi.
Des représentants habilités de trois associations, ANAFE,
AISF et CIMADE, s'inquiètent en particulier des conditions
dans deux locaux des terminaux 1 et 2A. Le nombre des étrangers
présents et des policiers disponibles ne permet pas des conditions
normales de séjour : local fermé sans sortie possible,
aucun espace de détente, difficultés de visites, d'accès
aux téléphones et aux sanitaires, certains étrangers,
hommes et femmes mélangées, dormant, à même
le sol, sans couvertures (voir ci-dessous).
Certains
étrangers peuvent attendre une réponse à leur
demande d'asile dans ces conditions pendant plus de dix jours. Le
22 juillet, le juge délégué du Tribunal de Grande
Instance de Bobigny a d'ailleurs refusé de prolonger un tel
maintien " dans un local au sous-sol, sans fenêtre, sans
aération, sans possibilité réelle de repos, sans
la moindre liberté requise par les textes ". Le juge ajoutait
que " ces conditions contraires à la dignité humaine
ne sauraient être justifiées par le nombre important
de personnes retenues et ne sauraient être cautionnées
par le juge judiciaire garant des libertés individuelles ".
Lors
de la réunion annuelle tenue le 25 septembre 1998 au Ministère
de l'Intérieur, les associations avaient déjà
souligné les conditions d'accueil " très difficiles
" à Roissy en raison en particulier de l'augmentation
des demandes d'asile (2500 en 1998). Des projets existaient pour améliorer
la situation (nouvelle salle au terminal 1, extension de la capacité
à l'hôtel Ibis, construction d'un bâtiment à
plus long terme) et nos associations sont conscientes que ces questions
ne peuvent être réglées qu'en accord avec Aéroports
de Paris et la direction de l'hôtel Ibis.
Néanmoins,
dans son bilan sur les zones d'attente, le Ministère de l'Intérieur
concluait que " l'année 1998 a été marquée
par des difficultés importantes, les moyens nécessaires
pour instruire les demandes d'asile n'ayant pas augmenté en
proportion de leur accroissement". Cette observation était
particulièrement valable pour Roissy où 96% des demandes
sont déposées et qui a connu " une surpopulation
par rapport aux places disponibles pour l'hébergement ".
La situation actuelle était donc prévisible.
L'amélioration
des conditions de maintien nous paraît aujourd'hui de la première
urgence, sans attendre l'aménagement d'un deuxième étage
à l'hôtel Ibis, mais nos préoccupations concernant
le traitement général des demandes d'asile demeurent
(manque de personnel, absence de recours suspensif). Il est évident
que le manque récurrent de personnel pour l'examen de ces demandes
dans des délais raisonnables entraîne un allongement
de la période de maintien, lequel oblige l'administration à
recourir à des solutions d'hébergement dans des locaux
non adaptés.
L'ANAFE
tire le signal d'alarme et en appelle à l'opinion publique
qui ignore souvent comment sont traités des étrangers
dont le seul crime est de demander la protection contre les persécutions
auxquelles ils sont exposés dans leur pays - pour que de telles
pratiques cessent.