Zone
d'attente : La situation empire à Roissy
Mercredi 30 mai 2001
Depuis des années, l'Anafé dénonce les conditions
désastreuses dans lesquelles sont maintenus les étrangers
non admis sur le territoire français ou en attente de l'instruction
de leur demande d'accès au titre de l'asile. On pouvait espérer
que l'ouverture, au début de l'année 2001, du premier
local (la "ZAPI 3") spécialement affecté
au maintien en zone d'attente résoudrait certains aspects
matériels de ce maintien. Aujourd'hui, cependant, sa capacité
d'hébergement (170 places, auxquelles il faut ajouter les
80 lits d'un autre centre d'hébergement "de type hôtelier")
est largement saturée et ce sont environ 100 personnes qui
peuvent être consignées soit dans les cellules d'une
dizaine de m2, soit dans des locaux inadaptés mis à
la disposition de la PAF dans les aérogares de Roissy.
Comme
hier donc, des étrangers, des demandeurs d'asile, sont littéralement
entassés, dans une promiscuité insupportable, dans
des locaux sales et surchauffés, sans douche ni toilettes.
En outre, de plus en plus souvent, l'accès des associations
pourtant habilitées à visiter les zones d'attente
leur est refusé sans que le ministère de l'Intérieur
ne justifie ce refus.
L'Anafé
publie aujourd'hui un document rassemblant le bilan de son activité
depuis sa création, il y a une dizaine d'années, et
le rapport d'une campagne d'observations menées entre novembre
2000 et mars 2001 sur la situation spécifique de Roissy.
Le constat est accablant : violations récurrentes et délibérées
des droits fondamentaux, refus manifestes et répétés
d'enregistrement des demandes d'asile, procédures traitées
avec le plus grand mépris, obstructions et restrictions au
droit d'accès des associations habilitées, tentatives
et refoulements quotidiens de personnes dont la demande n'a pas
été prise en compte, pressions, intimidations, injures,
brutalités, violences de tous ordres. Ce que vivent les étrangers
maintenus à Roissy n'a plus grand chose à voir avec
ce que prévoit la loi, et encore moins avec ce que l'on peut
attendre d'un Etat dit de droit.
Des
améliorations immédiates doivent être apportées,
des discussions sérieuses doivent être acceptées
par le gouvernement pour une refonte de la législation sur
les conditions d'entrée des étrangers et le respect
du droit d'asile, et pour faire procéder sans délai
à une inspection sur les agissements de l'administration.
Dans
l'immédiat, il est indispensable d'autoriser l'accès
permanent des associations dans les zones d'attente.
L'Anafé
a été reçue hier à l'hôtel Matignon.
Si cette rencontre nous a permis de préciser nos préoccupations,
elle ne nous a pas laissé beaucoup d'espoir. Il nous a été
recommandé de nous adresser à notre "interlocuteur
naturel", le ministre de l'Intérieur. Espérons
que cette rencontre aura lieu dans les meilleurs délais et
que le dialogue que nous ne cessons de réclamer s'engage
enfin.